Séduire, est-ce mentir ?

Venez partager un moment d’échange philosophique autour du spectacle Le Menteur avec ce Plateau-philo animé par Astrid Jolibois, professeure agrégée de philosophie.


Au sujet des paroles séduisantes de Maître Renard, dans la célèbre fable de La Fontaine, on dira qu’elles sont mensongères : le renard prend la parole non pas pour dire le vrai, mais pour flatter le corbeau, afin que ce dernier oublie son fromage et l’abandonne au rusé renard. Séduire ici, c’est tromper, et c’est même extorquer : arracher au corbeau un mouvement d’orgueil qui va le faire chanter, et ainsi lui dérober son repas. Mais toute séduction ne nous apparaît pas immédiatement comme tromperie : elle semble aussi désigner une manière de susciter l’attirance ou le désir, un certain art de plaire, voire un art du plaisir qui appartient à notre expérience ordinaire et ajoute du charme à nos rencontres et discussions. Néanmoins, là encore, comprise sous la forme contemporaine de la "drague", il faut dire que tout n’est pas serein dans la séduction, qu’elle est même parfois l’occasion de stratégies sordides de domination. Faut-il placer la séduction du côté de l’amour ou du côté de l’alarme ?